Rénovation urbaine : interview exclusive de Jean-Luc Malgat de la DDT 49

Publié le 28 avril 2015

Le nouveau programme national pour la rénovation urbaine (NPNRU) vient d’être adopté en décembre 2014. Parmi les 1300 quartiers prioritaires de ville éligibles, l’Etat en a sélectionné 200 qui bénéficieront du programme de renouvellement urbain 2014-2024. L’enveloppe allouée est estimée à 5 milliards d’euros, ce qui permettra aux bailleurs sociaux de financer en partie l’investissement lié aux travaux de démolition, de réhabilitation, de rénovation des immeubles ou de relogement. En Maine-et-Loire, deux quartiers angevins entrent dans ce dispositif, Belle-Beille et Monplaisir, dans lesquels la société Immobilière Podeliha est propriétaire d’environ 1 300 logements.

Interview de Jean-Luc Malgat

Chef du Service Construction Habitat Ville
Direction Départementale des Territoires de Maine-et-Loire

 

Jean-Luc Malgat DDT

« Quels sont les critères qui ont conduit au choix des quartiers Monplaisir et Belle-Beille dans le nouveau programme ? »

Ces deux quartiers présentent des dysfonctionnements urbains importants qui nécessitent des financements conséquents et mobilisent la solidarité nationale. Une analyse selon plusieurs critères a été mise au point et adaptée selon le quartier. Le premier critère concerne la qualité de l’habitat et sa diversification. Nous assistons à un vieillissement du parc existant avec un fort taux de logements sociaux. L’habitat public et l’habitat privé seront traités parallèlement pour éviter d’avoir un différentiel d’image trop important entre ces deux catégories. Le désenclavement des quartiers est un autre élément pris en compte. Nous constatons des espaces publics ou privés mal définis et un système de déplacement peu visible, ce qui génère un manque de repère pour les habitants. Autre critère, les services de proximité (établissements scolaires, petite enfance, équipements sportifs et culturels, commerces, offre de soins…) doivent retrouver un niveau de qualité suffisant et dynamiser les centres de quartier.  Et pour finir, tous les enjeux liés à la gestion des quartiers qui porte sur  l’insécurité, l’échec scolaire, le peuplement…  Ce qui change aujourd’hui, c’est que toutes ces questions de rénovation urbaine sont traitées, depuis la loi du 21 février 2014, au sein du contrat de ville dans lequel trois piliers fondamentaux sont pris en compte : la cohésion sociale, la rénovation urbaine et le développement économique.

 

« 8 quartiers sur Angers Loire Métropole ont été retenus comme prioritaires par la politique de la ville. Quels sont les enjeux à relever selon vous sur ces sites ? »

L’enjeu majeur est de redonner une attractivité à ces quartiers qui souffrent d’une image dégradée. Il faut qu’ils deviennent habitables pour tous et qu’ils ne soient plus considérés comme des « sous quartiers ». C’est aussi de conjuguer la rénovation urbaine avec le volet social. A ce titre, Angers Loire Métropole s’est engagé dans une politique volontariste pour agir sur la question de peuplement des quartiers, un enjeu qui est devenu très aigu depuis les attentats du 9 janvier.  Puis enfin, c’est de redonner l’envie à de nouvelles entreprises à venir s’installer dans ces quartiers et d’y valoriser de nouveaux talents.

 

« Des orientations se dessinent-elles ? Qu’attend la DDT dans sa relation avec Podeliha sur le la rénovation urbaine ? »

Dans un premier temps, un protocole de préfiguration est proposé à l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU). Il est annexé au contrat de ville pour bien montrer que la rénovation urbaine est bien une composante de la politique globale des quartiers. Dans ce protocole, sont définies l’ensemble des études qui seront nécessaires pour élaborer le projet pour chacun des quartiers. Podeliha y prend sa part pour l’évolution de son patrimoine. Une fois défini, il s’agit de déterminer les actions qui seront nécessaires : démolition, réhabilitation, construire, offre de logements variée (location et en accession à la propriété). Vu son profil, Podeliha a un rôle central à jouer notamment dans la diversification de l’habitat. Mais, le projet urbain qui sera défini sur ces deux quartiers, est un projet d’ensemble. Chaque partenaire va donc rentrer dans une vision globale qui dépasse ses intérêts immédiats. Nous devrons être collectivement très audacieux et ambitieux pour redonner à ces quartiers l’attractivité qu’ils méritent !

Immobilière Podeliha le 28 avril 2015 – Propos recueillis par Joëlle Gallot

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